Le design remue ciel et matières

Le design remue ciel et matières

Coquillages, champignons, fibres végétales, restes alimentaires... créateurs comme industriels explorent les potentialités écologiques et techniques des matériaux biosourcés. Un véritable laboratoire de créations et d’expérimentations.

Deux thématiques de recherche de l'Unité ont été évoquées dans cet article publié dans Libération, dont voici 2 extraits :

Le déchet aménagé

Chaque année, ce sont près de 3 millions de tonnes de déchets organiques qui sont jetés par l’agro-industrie – sans compter les 18 millions de tonnes de biodéchets produits par les ménages français, selon l’Agence de la transition écologique. D’où l’idée, déjà éculée, de «valoriser» ces rebuts pour en faire du biogaz par méthanisation ou du compost. Mais ce gisement connaît également un intérêt croissant de la part des créateurs pressés par les consommateurs et les pouvoirs publics .../...

«Les limites du biosourcé, c’est souvent la résistance à l’eau», précise la biochimiste Bénédicte Bakan*, de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Elle a mis au point avec son équipe une sorte de caoutchouc «un peu marron, sans additif, hydrophobe, recyclable et biodégradable» à partir de peaux de tomate collectées auprès de conserveries. Encore à l’état de prototype, il pourrait servir dans des pièces électroniques ou des dispositifs paramédicaux.

La fibre vibre

Non, avec du lin, on ne fait pas que des draps, et avec du chanvre, du cannabis. Au contraire : ces deux plantes, dont la France est l’un des premiers pays producteurs au monde, avec leur culture peu gourmande en eau et en pesticides pour de gros rendements, trouvent aujourd’hui maints débouchés après avoir été longtemps délaissées. Même très peu transformées en laine ou en béton, elles constituent de très bons isolants thermiques, acoustiques ou hygroscopiques (la résistance à l’humidité) raccord avec les impératifs de neutralité carbone et de confort moderne. Et comme elles sont légères, on les retrouve désormais dans des matériaux composites destinés à l’automobile (pour des tableaux de bord) ou à l’écoconception de mobilier urbain et d’intérieur.

«Les fibres se dégradent aussi plus rapidement que les fibres de verre ou de carbone ; c’est donc un sérieux avantage, précise Johnny Beaugrand, biochimiste à l’Inrae. Mais on fait face à un souci de collecte des composites qui finissent le plus souvent incinérés.»

*erratum dans l'article "Hélène Bakan" : lire "Bénédicte Bakan"

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